On nous dit « Apprends » depuis qu’on est tout petit ! Yes, you can ! Mais comment fait-on pour apprendre ? Ca marche comment là haut dans le cerveau ? D’ailleurs, est-ce que c’est seulement le cerveau qui fait le boulot ou est-ce qu’il y a d’autres enjeux qui sont à prendre en compte dans l’apprentissage ?
La mémoire est un sujet complexe mais tellement intéressant à explorer. Dans cet article, je vais vous livrer quelques éléments qui me semblent essentiels à connaître lorsqu’on a un enfant et qu’on souhaite qu’il apprenne efficacement.
L’école, un jeu, une aventure, un calvaire pour certains.
Théo est un enfant de 8 ans. Comme les autres enfants de son âge il se rend à l’école tous les jours. Tous les jours c’est le même calvaire. Il faut apprendre des trucs dont on ne comprend pas le sens. Pourtant, il aimerait vraiment apprendre et être comme les meilleurs de sa classe, ceux qui comprennent tout tout de suite. Oui mais voilà, ils ont une grande différence, leur environnement. Depuis tout petit on dit à Théo qu’il ne tient pas en place, que c’est un « manuel » et que la théorie ce n’est pas son truc. Du coup, lorsqu’il arrive en Maths, il essaye bien de comprendre mais ça bloque. Pourtant, ce n’est pas un fainéant, il bosse ardemment !
Le premier enjeu pour la mémoire et bien d’autres choses, c’est l’histoire qu’on se raconte sur nous. Le premier pas c’est de comprendre ce en quoi on croit, et ce en quoi on ne croit pas !
Quelques idées de croyances limitantes ?
- Je n’arriverai jamais à retenir autant de choses.
- Je ne suis pas capable de mémoriser autant de choses.
- Cette matière ? What !? Ca n’a jamais été mon truc, j’ai jamais rien capté !
Et des croyances aidantes ?
- J’ai une mémoire de fou.
- Je suis une machine, même le dernier Mac ne m’arrive pas à la cheville !
- Je retiens trop facilement.
- On m’appelle l’enregistreur !
En tant que parents, nous avons une énorme responsabilité ! Nous sommes des machines à projection sur pattes, voulant donner nos croyances et nos valeurs à nos enfants (en règle général). De fait, autant les aider avec des croyances aidantes non ?
Et vous, quelles sont les croyances sur la mémoire que vous avez sur vous ? Quelles sont celles que vous transmettez à vos enfants ?
Et si on y croit et qu’on veut faire mieux ?
Je me souviens lorsque j’ai passé mon CAPES de Mathématiques pour la troisième fois consécutives, je devais enregistré 81 leçons recto verso de niveau licence avec les démonstrations associées en plus des éléments du programme qu’il était nécessaire de maîtriser. N’ayant jamais été le premier de promo (ni le second d’ailleurs), je me disais « Ouhhhhh ça va être dur ! ». Du coup, la dernière année avant d’avoir le concours j’ai décidé de jouer le tout pour le tout et de consacrer un an de ma vie au mathématiques. Matin, midi et soir il fallait faire des maths. Quid de cette expérience ? J’ai fini par l’avoir et les leçons furent mémorisées… mais dans quelle mémoire ?
Les différentes mémoires
A l’époque je ne savais pas qu’il existait plusieurs mémoires :
- La mémoire de travail : mémoire à court terme stockant un maximum de 6 ou 7 empans mnésiques, c’est à dire 6 ou 7 choses (06 25 chat robert bleu pain)
- La mémoire épisodique : mémoire à moyen terme conservant les souvenirs (lieu, date)
- La mémoire sémantique : mémoire stockant les apprentissages (moyen terme)
- La mémoire perceptive : mémoire des sens et des émotions (très court terme)
- La mémoire procédurale : mémoire à très long terme (écriture, vélo, conduite, tous les automatismes que l’on garde toute sa vie)
De fait, il y a des techniques efficaces et d’autres non ! N’avez-vous jamais récité un court à vos parents sur le bout des doigts parce que vous veniez de l’apprendre 5 minutes avant. Tout sourire, vous aviez tout juste et le cahier fermé vous pouviez enfin aller jouer ! Fini les devoirs… Sauf que le lendemain, arrivé à l’interro, il était alors impossible de restituer vos connaissances ? Ca vous parle ?
C’est normal, le court était stocké en mémoire de travail et avait donc une durée de vie limitée. La mémoire a visé lors des apprentissages est la mémoire sémantique, une mémoire à moyen terme.
Par ailleurs, il est important de savoir que l’oubli est un phénomène naturel et incessant. Il nous protège et évite qu’on soit surchargé d’informations.
Mais alors comment faire pour conserver les informations dans le temps ?
Je vais vous donner quelques outils tirés du MOOC, « Apprendre et enseigner avec les sciences cognitives » qui peuvent vous permettre d’apprendre mieux et surtout plus efficacement.
- L’effort est indispensable pour mémoriser à long terme.
- La reprise expansée est nécessaire. Une astuce consiste à apprendre sa leçon en semaine 1 et repérer ce qui est réellement important. Puis ensuite, ré apprendre à S2 puis S4, S8, S16, S32.
- La mémorisation active est très intéressante : cela consiste à se poser des questions et d’y répondre au lieu de simplement lire le texte (stockage en mémoire de travail et non en mémoire à long terme). Une idée peut être de se faire des fiches de travail en inscrivant à gauche sa question et à droite la réponse.
- Le multi-testing : Faire des quizz (3 en 2 semaines) sur le thème sur lequel porte la notion à mémoriser. Au moment du test faire un véritable effort de rappel et ne pas se contenter de « Je sais » ou « Je ne sais pas ».
- Utiliser des logiciels de mémorisation comme ANKI, MEMOVOC
Et l’attention dans tout cela ?
L’attention est un mécanisme qui permet de faciliter l’activité de certains neurones aux dépens des autres ou d’accroître leur influence sur les autres neurones.
Elle est capitale dans la mémorisation. Imaginez une grande bibliothèque dans laquelle vous conserveriez l’ensemble de vos connaissances. Pour accéder à cette bibliothèque il y aurait un couloir avec de la moquette sur les murs (ou autre chose moins allergène). Les neurones transmettant l’information seraient les bibliothécaires qui transporteraient sur leur chariot les connaissances à stocker.
Eh bien, l’attention ce serait ce couloir. Plus votre attention est grande plus le couloir est petit et moins le bibliothécaire nécessite de faire un chemin important pour aller stocker les informations. Par contre, moins l’attention est grande et plus le couloir devient long et sinueux et plus le bibliothécaire se fatigue. Parfois, il arrive à stocker une des connaissances qu’il transportait, parfois, il n’a plus la force pour arriver au bout et l’information se perd dans les limbes des couloirs.
Il est donc aussi nécessaire de travailler son attention. Je vous laisse découvrir ce résumé d’un documentaire sur l’hyperconnexion où on retrouve des informations intéressantes sur l’attention et ce qui peut la distraire.
Qu’avez-vous retenu de cet article ? Dans quelle mémoire l’avez-vous stocké ? 😉
Bonne mémorisation à vous !