Obtenir le CRPE après 3 échecs c’est possible !
Lorsque je me baladais sur les groupes Facebook du CRPE, je suis tombé sur un message de Marion, ancienne candidate du CRPE ayant obtenu son concours en 2021. Elle ne souhaitait que du bons au futurs candidats en leur disant qu’elle n’avait jamais baissé les bras et qu’après 3 échecs, elle avait obtenu son concours cette année-ci, en 2021. Elle avait enfin sa classe après tout ce temps consacré à travailler sans relâche.
Je l’ai donc contacté pour avoir son témoignage dans une presque interview. Je trouvais son message chargé d’espoir et de bienveillance.
Chance pour moi, elle a bien voulu me consacrer du temps pour me répondre et vous trouverez en dessous, le témoignage de Marion. Pour toutes celles et ceux qui vivent également des échecs, c’est possible et Marion, en est la preuve !
L’interview presqu’en direct de Personne n’est nul
Aujourd’hui je suis avec Marion, PES nouvellement nommé, comment vas-tu Marion ?
Oui je vais très bien, merci.
Peux-tu te présenter en quelques mots (cadre familial, hobbies, passion, what else) ?
J’ai 25 ans, je suis la dernière d’une famille de 4 enfants. J’aime beaucoup les séries, le cinéma et les animaux. Malheureusement, avec les études et le concours, je n’ai pas eu le temps de développer mes passions. J’en ai abandonné certaines comme la lecture et l’écriture que j’aimerais pouvoir reprendre un jour et réaliser aussi tout un tas de projet.
Comment s’est passé ta rentrée ?
La rentrée a été merveilleuse, j’ai découvert mes élèves pour l’année avec beaucoup d’émotions positives !
On peut se demander pourquoi t’interviewer (ou presque) sachant qu’on ne se connaît Ni d’Eve, ni d’Adam ? Eh bien, comme je te disais, j’ai vu ton post sur Facebook qui m’a intrigué, questionné, intéressé. Tu parlais de plusieurs échecs avant de réussir au concours. Est-ce que tu peux me dire combien d’échecs tu as eu avant de réussir ?
Oui on ne se connait pas ! Avant de réussir, j’ai eu 3 échecs aux écrits. C’était donc ma quatrième année de concours en 2021.
A ton avis, qu’est ce qui a fait que tu as échoué les années d’avant ?
Je pense que ce qui m’a fait échouer c’est d’abord un manque de travail (un niveau de français au ras des pâquerettes), un manque de discipline et de rigueur puisque j’ai la mauvaise habitude de tout remettre au lendemain et de repousser les échéances…. Un manque de maturité peut être aussi pour faire face à un concours où on peut se sentir déstabilisé. Pour finir, un manque de chance puisque malheureusement le CRPE est un concours où les sujets peuvent être très aléatoires et où avoir une bonne note ne suffit pas toujours.
Je cite souvent Mandela qui disait, « Je ne perds jamais, soit j’apprends, soit je gagne ». Est-ce que tes différents échecs t’ont permis d’avancer et de t’améliorer ? Si oui, comment les as-tu utilisés pour cette année 2021 ?
Je connais cette citation de Mandela que j’apprécie beaucoup, oui je pense qu’on apprend toujours de ses échecs et de ses expériences.
Durant les 4 dernières années, mes échecs m’ont appris qu’il fallait travailler plus dur pour obtenir ce que l’on voulait, mieux organiser mes journées, gérer mes priorités et parfois savoir faire des sacrifices.
Pourquoi, tu t’es obstinée à vouloir le passer ? Où as tu trouvé ton énergie ?
Malgré la peur de rater encore et encore, arrêter tout aurait été mon plus grand échec. Socrate dit que la chute n’est pas l’échec mais que l’échec est de rester là où l’on est. Je n’arrivais pas à m’imaginer faire autre chose de ma vie professionnelle.
J’ai beaucoup d’amis qui ont arrêté de passer le concours au bout de 2 ou 3 essais, ils se sont épanouis dans d’autres métiers mais pour moi c’est ce métier qui me plaît le plus, c’est cette vocation, ce rêve que je souhaitais se voir se réaliser.
L’énergie on le trouve tout autour de nous : dans les stages que l’on peut faire où on rêve d’être à la place de l’enseignante, dans notre famille et nos amis mais surtout en nous-même en se disant que les efforts paient toujours.
Qu’est ce qui, d’après toi, a fait que cette année, en 2021, moment où l’on réalise cette interview, tu as réussi, comparé aux autres années ?
Cette année j’avais la pression de réussir ce concours parce que les modalités allaient changer en 2022. Le prochain concours a plus d’écrits ce qui est mon point faible et je savais qu’il aurait été plus difficile pour moi de le réussir. J’ai donc arrêté de remettre tout au lendemain (dans la mesure de mes capacités bien sûr !), j’ai arrêté de faire des listes minutées que je n’arrivais pas à tenir. J’ai plutôt dégagé des temps de travail libre.
Ce qui m’a aidé aussi c’est un compte tiktok qu’un étudiant belge tient. Il propose de travailler avec vous pendant 50 minutes et de faire ensuite 10 minutes de pause (comme la méthode POMODORO) C’était intéressant parce que mon attention pouvait se focaliser sur une tâche durant un temps plutôt court, mais aussi je savais que je travaillais avec des centaines d’autres personnes et c’était motivant : des étudiants, des lycéens, des collégiens, des professeurs aussi. C’était une année beaucoup plus stressante et prenante que les autres, je ne parlais pas beaucoup de mon stress aux autres, j’ai beaucoup gardé pour moi contrairement aux autres années.
Est-ce que tu as du faire des concessions pour réussir ? Si oui, lesquelles ?
Les deux premières années je n’ai pas fait beaucoup de concessions. Mais durant les deux dernières années, l’une avec le confinement et l’autre avec mon travail d’AESH j’ai fait des concessions sur les sorties et les loisirs.
Comment ça se passe dans ton cerveau ? Dans le sens, comment as-tu fait, toute cette année de concours pour te mettre en condition ? Que te disais tu intérieurement ? Que ressentais tu ? Visualisais-tu ?
C’était dur de ne pas parler de ce qui n’allait pas aux autres, je n’avais pas beaucoup de personne autour de moi qui passaient le CRPE ou un concours et c’est parfois difficile de se faire comprendre quand on ne le vit pas soi-même.
On ressent de la solitude, de l’angoisse parfois. Pour pallier à ça j’essayais de visualiser toutes les choses que je pourrai faire plus tard grâce à ce concours, je me disais souvent que si les autres pouvaient y arriver, ça devait être possible pour moi aussi et que la roue allait finir par tourner.
Avais-tu mis en place des routines, une sorte de rituel ? As tu des trucs et astuces que tu as mis en place et qui t’ont permis de monter ton niveau ?
Je n’avais pas de routines ou de rituel en particulier.
J’ai regardé beaucoup de vidéos sur youtube : Ulysse CRPE, maths et ma team (qui permet de s’entrainer très bien en maths), objectif CRPE et d’autres.
Les copies de concours que d’anciens CRPEistes ont publiées sur les groupes sont aussi une source de richesse. Cette année, j’ai soigné ma présentation de copie en faisant des tableaux ou des encadrements en maths. La forme compte aussi beaucoup pour des correcteurs qui passent beaucoup de temps sur nos copies. Une copie aérée est toujours bienvenue.
Le Grevisse de l’enseignant (grammaire et 1000 exercices) m’a été très utile aussi ! Et j’ai enfin eu le courage de lire les rapports de jury…
L’important est de trouver son truc à soi qui fonctionne !
Petite question par pure curiosité. Souvent quand on travaille beaucoup sur un projet auquel on tient, le cerveau encode énormément la nuit et nous rêvons de choses et d’autres en rapport avec le projet en question. J’en avais moi-même fait l’expérience lorsque je préparais mon concours. Quels types de rêves t-ont surpris ? D’ailleurs étaient-ce des rêves ou des cauchemars ?
Très peu de cauchemars durant l’année, mais une ou deux semaines avant les écrits je rêvais que j’étais devant ma feuille dans la salle du concours, ou que je ne m’étais pas réveillée ou que je ne comprenais pas le sujet d’analyse de texte (bien plus qu’un rêve ! ahah)
Saurais tu donner une anecdote, durant ton année de concours qui t’es arrivée et qui t’as permis d’avancer dans ce projet ?
Quelques mois avant de passer le concours j’ai mis un affichage au-dessus de mon bureau avec tous mes rêves. (C’était le seul affichage puisque je ne faisais pas de fiche) ça ressemblait à ça :
« Quand je serai maîtresse …
J’ai listé mes rêves immédiats : je partirai en voyage en famille, je ferai du shopping, j’achèterai un nouvel ordinateur …
… j’aurai ma classe à moi …
J’ai listé mes rêves après la titularisation : comme avoir un Maine Coon mâle, un tatouage et aller à Disneyland !
…et qu’est-ce que je serai fière ! »
Ça me motivait parce que dès que j’avais une baisse de régime, pas le moral ou pas l’envie je relisais cette feuille toute colorée. Ça peut fonctionner aussi avec des photos de ce qu’on souhaiterait. Si vraiment je n’avais vraiment pas le moral, je faisais une simulation de l’organisation d’un voyage idyllique à Disney… ça me faisait rêver et puis je trouvais le courage de m’y remettre.
Marion, si une personne avait eu l’occasion d’être avec toi pendant cette année de concours, ta journée « type », à quoi elle ressemblait-elle ?
Durant cette année de concours j’étais AESH donc je travaillais. Une journée type ça ressemblait plutôt à : un petit déjeuner devant un dessin animée (j’ai une âme d’enfant je crois), puis sur le trajet en voiture jusqu’au collège j’écoutais les podcasts d’Ulysse sur le CSE/EPS. La journée je travaillais en classe avec mes deux collégiens, et puis sur le retour j’écoutais des podcasts si j’avais encore de l’énergie ou un peu de musique pour décompresser. Chez moi je prenais un goûter assez sucré : chocolat, bonbons… que je prenais devant mon travail en « récompense » des 50 minutes de travail. Puis, le repas du soir et souvent un film/un ou deux épisodes d’une série pour souffler et enfin je retournais travailler sur une tâche « légère » jusqu’à ce que je sois fatiguée (souvent jusqu’à 00h/1h)
Je passais environ 3/4h par jour en semaine, sans oublier le ménage, les courses et tout ce qu’il y a à faire à côté ! C’est le week-end que je travaillais le plus, je pouvais y passer la journée.
Si tu devais citer 3 mots qui traduisent ton état d’esprit lors de ta préparation de concours, ce serait lesquels ?
Stress, détermination et travail.
Même question, mais maintenant que tu es PES ?
Détermination, envie, épanouissement.
Si je pouvais rajouter les trois mots de l’été : soulagement, bonheur et excitation.
Tiens, avant de conclure cette interview, pourquoi as-tu voulu devenir PE et pas autre chose ?
Devenir professeur des écoles est un projet qui date de mon année de seconde, donc ça fait maintenant 10 ans que c’est ce que je souhaite faire. J’ai toujours aimé expliquer, aider, partager ce que je connaissais avec les autres. J’aime l’atmosphère d’une école et le travail avec les élèves. Découvrir de nouvelles façons d’enseigner me plait aussi beaucoup, je m’étais intéressée en licence à la pédagogie Freinet et Montessori pour mon premier mémoire.
Je te remercie de tes réponses, si certaines candidates lisent ton interview, y a t-il un moyen pour te contacter (si tu le veux bien, bien sûr) si elles veulent obtenir des précisions ? (Facebook, Insta, autre…)
Oui, il y a un moyen de me contacter par facebook : Marion Delgrange. Je reste disponible comme je l’avais dit sur le poste pour toutes questions, conseils ou si vous avez besoin de parler. Bien sûr, je n’ai pas réponse à tout mais j’essayerai de vous répondre de mon mieux.
N’oubliez pas que le meilleur moyen de réaliser l’impossible est de croire que c’est possible.
Je te souhaite une très belle année et à bientôt !