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Une étape avant de repartir

Le conseil de discipline est une instance importante des établissements du second degré et peut décider l’exclusion définitive de l’établissement d’un élève. Il est composé de différents acteurs tels que les représentants des élèves, des parents, des enseignants, des agents et de la direction.

Il y a peu de temps, j’étais appelé à témoigner, en tant que professeur principal (PP), de l’ambiance de la classe dont j’étais le PP et du comportement de l’élève dans cette classe.

C’était la première fois, pour moi, que je devais témoigner du comportement d’un élève en tant que représentant de l’équipe pédagogique qui avait en charge cette classe devant un conseil de discipline. Alors que je patientais dans le couloir en attendant mon tour, échangeant avec les délégués et les collègues, je faisais le point sur les rapports d’incident de cet élève.

Il y a des élèves qui nous marquent en tant qu’enseignant. Avant, j’aurais dit de cet élève que son comportement était hallucinant. Avant, j’aurais dit de cet élève qu’il était insolent, perturbateur, provocateur, nuisible même au groupe. Avant, je n’aurais eu aucune émotion, aucun tact, aucune envie de l’amener à réfléchir regardant simplement le comportement avant de regarder la personne. Avant, j’aurais dit qu’il valait mieux qu’il change d’établissement, que probablement il n’irait pas loin, qu’il avait déjà joué sa vie en choisissant de considérer les autres comme inférieurs à lui.

Oui mais voilà, ça c’était avant que je devienne hypnologue.

Ce que je voulais qu’il entende

Cette soirée là, je n’ai pas vu Juan comme je l’aurais vu avant. J’ai passé du temps avec Juan en classe, j’ai passé du temps à discuter avec lui, à comprendre son monde. J’ai passé du temps à trouver des stratégies pour l’amener à changer, ne serait-ce que son comportement, mais il n’a pas souhaité le faire.

Ce soir là, alors que j’étais dans le couloir, j’ai préparé mes mots dans l’idée de lui permettre de comprendre qu’il n’était pas son comportement, qu’il n’était pas son frère, qu’il n’avait pas à croire le fait que son père lui ai dit que de toute façon il finirait en conseil de discipline. Ce soir là, j’ai voulu qu’il entende qu’il avait des qualités. J’ai voulu qu’il entende que l’établissement ne pouvait résoudre des problématiques plus profondes qui n’étaient aucunement du ressort des enseignants, que ses profs ne pouvaient pas toujours être là QUE pour lui et qu’il y avait le groupe classe avec d’autres élèves, mais j’ai aussi voulu qu’il entende qu’il pouvait, lui aussi, être brillant lorsqu’il déciderait de l’être.

Ce soir là, en témoignant, je lui ai dit au revoir à ma façon, avec une profonde émotion de tristesse. Il aurait pu déposer son sac en arrivant au collège mais ce soir là, j’ai ressenti sa tristesse derrière son armure, j’ai ressenti le mal être dans lequel il était. On l’avait enfin remarqué, on lui avait enfin prêté une attention, rien que pour lui. Cette attention qu’il recherchait n’était pas celle de la communauté éducative, elle était …

Le rôle des parents

Arriver à un conseil de discipline n’est pas anodin et j’ai souvent remarqué que le problème aurait pu être pris bien en amont. Remettre en question les enfants et clair mais il est évident que pour arriver devant ce conseil, la case éducation est à regarder. Et, il ne faut pas croire que seuls les élèves dont les situations sont défavorisées sont dans ce cas. Les élèves à qui l’on a tout permis, sans réelle discipline, qui n’ont pas eu de limite, qui n’ont d’attention qu’en choisissant de dépasser le cadre de la classe peuvent aussi se retrouver dans cette instance.

Les parents ont bien évidemment leur rôle à jouer, sans culpabilité aucune. Prendre le temps de prendre le temps pour leur enfant et regarder comment, EUX, peuvent faire en sorte de changer, amènera souvent, leurs enfants à changer. J’ai déjà vu des parents s’offusquer des décisions des enseigants, dire comment eux aussi ils haïssaient l’école (et comment c’était encore le cas…), exprimer leur mal être vis à vis de tel ou tel personnel et être tout le temps dans la contestation du monde scolaire. Quel dommage ! (Ceci ne veut pas dire qu’il ne faut pas être vigilant à certaines choses tout de même, attention).

Le métier d’enseignant et hypnologue

Bref, j’ai retrouvé, grâce à ce jeune, combien le métier d’enseigant est un beau métier et combien il se conjugue à merveille avec le métier d’hypnologue. Voir au delà des armures est une chance que peu de personnes ont. Ressentir les émotions et permettre aux jeunes avec qui l’on travaille de les exprimer est magique. Grâce à ce jeune, je me suis aussi rappelé, qu’il n’y a pas de changement sans volonté et qu’un élève qui décroche, doit être dans l’optique de vouloir raccrocher pour changer et se découvrir à son tour.

Chaque jour, nous sommes avec des adultes en devenir et je me dis toujours qu’il faudrait une matière à l’école permettant aux enfants de se connaître. Et si on l’appelait : Expérience ou Vie, ce serait chouette non ?